Achat en urgence dans ma librairie préférée à la veille du reconfinement. De la lecture, c’est plus utile que des réserves de pâtes ou de papier toilette, non ?
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Les jumelles ?
Vais-je écrire la suite du Voisin du 7e ou me replonger dans ma toute première histoire, celle de deux jumelles ? J’hésite encore, alors j’explore.
Ce livre de David Foenkinos m’a attirée évidemment, mais la froideur du récit m’a déçue. Un regard distancié, une progression implacable pour une démonstration quasi-mathématique : la jalousie sororale (tout autant que fraternelle) peut prendre le dessus sur l’affection et conduire à l’indicible.
Et mes jumelles à moi, jusqu’où seraient-elles capables d’aller ?
Les deux voisins
Je viens juste de terminer la lecture du roman de Tatiana de Rosnay, Le voisin. Encore un récit de cette auteure qui se dévore. Les épreuves de la malheureuse Colombe prennent aux tripes. J’ai cependant trouvé la fin un peu escamotée, peut-être parce que justement j’étais tellement embarquée que quelques pages supplémentaires m’auraient enchantée.
Au-delà du titre, j’ai relevé des similitudes troublantes avec mon voisin à moi, Le voisin du 7e : le thème de fond, l’éveil érotique d’une femme mariée corsetée dans une éducation traditionnelle, son apprentissage au travers de l’écriture, en se mettant dans la peau d’un autre qu’elle, plus libéré, l’infidélité du mari et enfin le clin d’oeil à Belle de jour (dans mon roman et Belle de nuit dans celui de T. de Rosnay).
Les similitudes ne s’arrêtent pas tout à fait là, mais je ne peux pas dévoiler plus avant les intrigues de ces deux romans. Greg, le voisin du 7e, est en tout cas bien moins pervers que le voisin de Colombe, il est même plutôt très attachant !
La rose du Quercy
« C’est un motif que l’on dit unique et spécifique au Quercy – l’on se demande si la rose du Quercy est seulement un ornement architectural pour rendre « beau » ou si une histoire d’amour s’y trouve cachée ? »
Parce que le Quercy est cher à mon coeur, que Geneviève, qui m’est tout aussi chère, est une auteure et historienne de l’art remarquable, parce qu’enfin elle s’est associée pour ce livre à Jean-Louis Nespoulous, LE photographe cadurcien par excellence, je suis impatiente de découvrir l’histoire romanesque de cette rose quercynoise.
La rose du Quercy, Une rose de cœur de Geneviève Besse-Houdent aux éditions Tertium.
L’oeil
Sous Son Œil brillent nos faisceaux de vérité,
Nous voyons toute incartade,
Nous surveillons tes allées,
Tes venues et tes promenades. D’entre chaque coeur nous extrayons le vice
Dans la prière et les larmes nous imposons le sacrifice.
Ces quelques lignes sont extraites du roman dystopique de Margaret Atwood, Les testaments, écrit quelques décennies après son oeuvre culte, La servante écarlate.
Dans cette phénoménale dilogie, L’Œil est le nom donné à l’organisation de contrôle du régime théocratique, une sorte de Big Brother aussi impitoyable que compromis.
L’Œil, et cela m’a amusée, est également le nom dont j’ai affublé l’une de mes compositions opportunistes (il faut comprendre la transformation de matériaux ou objets qui me sont opportunément tombés entre les mains) composée d’une souche de châtaignier et d’une boule en terre de fer. Mon Œil à moi, s’il m’observe au quotidien du haut d’une commode, est beaucoup plus inoffensif, croyez-moi !
Les fiancés de l’hiver
Une belle découverte ce roman de Christelle Dabos, premier tome de la saga fantastique La Passe-Miroir. Très joliment écrit et plein de trouvailles, comme je les aime.
Je viens de le dévorer en quelques heures et il me semble de la trempe du 1er tome de Harry Potter. Une belle promesse, cette saga, donc, qui, je l’espère, aura le même fantastique avenir que celle du petit sorcier.
Extrait : …Deux cousins que tu as déjà rejetés ! Ils étaient moches comme des moulins à poivre et grossiers comme des pots de chambre, je te le concède, mais c’est toute la famille que tu as insultée à chaque refus. Et le pis, c’est que je me suis fait ton complice pour saboter ces accordailles. (Il soupira dans ses moustaches.) Je te connais comme si je t’avais faite. Tu es plus arrangeante qu’une commode, à jamais sortir un mot plus haut que l’autre, à jamais faire de caprices, mais dès qu’on te parle de mari, tu es pire qu’une enclume ! Et pourtant, c’est de ton âge, que le bonhomme te plaise ou non….
3 tomes à déguster, dont le dernier est sorti fin 2019, et je m’en délecte déjà. De belles heures de lecture en perspective !
Merci à ma fille Nina, qui me connait si bien, de m’avoir fait découvrir cette auteure.
Le temps me joue des tours. Il ne peut en être autrement.
Mon agenda m’échappe, me tombe des mains, mes nuits de sommeil s’évanouissent, les minutes s’envolent, les heures me glissent entre les doigts comme du sable sec.
À croire que chaque journée rivalise d’ingéniosité pour grappiller le temps qui me permettrait d’écrire.
Voiture à reconduire au garage trois fois d’affilée pour le même dysfonctionnement (si !), grève des trains inopinée en Occitanie (selon le terme utilisé par la SNCF sur son panneau d’affichage le 18 octobre en gare d’Austerlitz, moins drôle que grève surprise), des documents officiels mystérieusement envolés qu’il me faut remplacer, des points de suture à deux heures du matin pour mon fils… Mais que se passe-t-il ?
Chacun sait la vie surprenante, je la crois fantastique, pour le pire et surtout le meilleur, et ce n’est pas Marie l’héroïne de Merci Gary qui me contredira.
Quand on lit un livre et qu’on tombe sur une phrase qui nous interpelle plus que les autres, c’est comme un trèfle à quatre feuilles au milieu d’un champ, comme un sourire dans une foule pressée, comme une étoile dans un ciel sombre, comme un diamant dans une mine… Je m’arrête là.
Cette phrase porte une idée essentielle pour celui qui la lit, c’est aussi, quand on est auteur, une phrase qu’on aurait aimé avoir écrite. En quelques mots tout est dit.
Je viens de trouver une phrase aussi précieuse au tout début du roman Le quatrième mur de Sorj Chalandon.
Protège l’intelligence, s’il te plaît, a dit Sam.
Ne dis pas de bêtises, Réfléchis un peu, ça aurait eu moins de classe, non ?
Dois-je déclarer Point à la ligne comme un roman ou un recueil de nouvelles ? C’est la question que je me suis posée et que j’ai partagée avec mes proches une fois le manuscrit bouclé.
Un roman ? Oui, car il y a une unité de temps et une relation entre tous les personnages. Non, car les narrateurs sont différents d’une histoire à l’autre.
Un recueil de nouvelles ? Oui, car les 4 histoires peuvent être lues séparément. Non, car la structure de chaque histoire s’apparente plus à celle d’un mini-roman qu’à celle d’une nouvelle.
Alors, roman choral, polyptyque romanesque ? J’ai opté pour le recueil de nouvelles. Grégoire Delacourt (ou son éditeur ?) a choisi le roman pour Les quatre saisons de l’été, alors que la construction de la narration est semblable à la mienne.
Cette question peut paraître anodine car, franchement, le genre ne change rien à la lecture. Pourtant, un roman et un recueil de nouvelles ne sont ni édités par les mêmes maisons, ni référencés de la même façon par les librairies, ni même abordés pareillement par les lecteurs. Alors bon ou mauvais choix ?
Alléger ou libérer son style, rendre plus percutants ses textes, trouver sa voix… l’obsession des apprentis écrivains. « Lisez L’homme de gingembre de J.P. Donleavy, m’a conseillé très récemment Jérôme, un éditeur. Il a été révélateur pour moi. »
Quelle surprise ! Une claque plutôt. J’ignore tout de cet écrivain (1926-17) et si ses livres postérieurs sont écrits dans le même style, mais quel style ! J’imagine qu’il a été étudié et re-étudié par des générations d’étudiants en littérature. Un mélange d’art brut et d’impressionnisme si je pouvais oser un parallèle avec la peinture.
Extrait : Assise-là, face à moi, allumant des cigarettes. D’habitude, n’aime pas qu’on fume. M’aperçois qu’en ce moment tout me paraît bien. Au bout du tunnel, soudain, la lumière. Très chrétien. Lumière qui indique la voie. A cette pensée, il m’est arrivé d’entrer dans l’église de Clarendon Street, pour prier et parfois voir s’il y faisait plus chaud, et, après un moment d’immobilité, pour me détendre un peu. Je subis d’horribles tensions ; dans cette nostalgie catholique et irlandaise, j’étais pris d’une légère mélancolie et d’apitoiement, à considérer l’après et l’avant. J’y puisais souvent la conviction que j’allais vraiment gagner un peu de fric. Sais pas pourquoi le fric débarrasse de la mélancolie. mais c’est un fait. Ah ! Christine. Comment es-tu là-dessous ?
D’une phrase à l’autre le narrateur change, la pensée oscille, la lecture est compliquée, et le lecteur comme maintenu en apesanteur dans ce bric-à-brac littéraire. Et c’est parfait ainsi car en traitant un sujet aussi plombant, aussi glauque que la vie de débauche du héros et de son ami, l’auteur entraîne son lecteur sur un chemin tourmenté et obscène qui serait certainement plus insoutenable sans ces accents poétiques.