Archives de catégorie : Lectures

La patience des traces

Dans La patience des traces, Jeanne Benameur nous embarque dans un processus de résilience, jusqu’à la réparation, grâce à la métaphore d’un bol cassé et de la technique du Kintsugi (une technique, que j’ai toujours autant envie d’apprendre). C’est au Japon dans la demeure d’un merveilleux couple que Simon, le héros, va se reconstruire. Une histoire tout en douceur et lenteur, une ode à la méditation, au silence et à la contemplation.

Merci à mon amie Diane de m’avoir fait découvrir cette talentueuse autrice et conseillé ce joli roman que j’ai, dès la dernière page tournée, racheté pour l’offrir.

Quand on aime, on persiste, j’ai enchainé avec Les mains libres de la même autrice, une œuvre que j’ai ressentie comme un poème plus qu’une roman. Avec toujours cette lenteur, cet immobilisme dans l’histoire qui permettent paradoxalement d’avancer.

 

Ce qui nous sépare

Entre nous, tout va bien, rassurez-vous ! Ce qui nous sépare est le titre d’un roman d’Anne Collongues, offert par mon amie Nicole qui a le don de dénicher des pépites, et qui rappelle Au prochain arrêt de Hiro Arikawa, le livre qu’elle m’a précédemment fait découvrir et dont je vous ai déjà parlé.

Dans Ce qui nous sépare, on n’est pas au Japon dans un train, on est en France dans un RER. Il ne s’agit pas de rencontres mais d’introspection. Le lecteur passe de personnages en personnages, les découvre au fil des rencontres. Les destins ne se croisent pas mais les fêlures, en se dévoilant, font de ces personnages aussi différents des mêmes êtres cabossés et attachants.  Encore un beau texte humaniste comme je les aime dans un style où les émotions dominent. 

Et parce que j’aime partager les beaux textes, plutôt que de vous dévoiler un personnage, c’est la description de cet instant violent où deux trains se croisent, qui ne l’a pas vécu ?, que je vous propose.

Oscar et Mamie Rose

A Mortemart ( un nom qui m’évoque Harry Potter, allez savoir pourquoi), charmante bourgade de Haute-Vienne, quelques rares personnes dans les ruelles, un chien et deux moutons aperçus dans un pré, un ciel gris menaçant et une seule boutique ouverte ce lundi de Pâques. Une bouquinerie. « Ici on trouve des livres et de quoi discuter », l’offre était alléchante.

Effectivement, un moment plus tard, ma tête était enrichie de conseils de visite et mes bras chargés de livres. Parmi eux, un mince roman, Oscar et la dame Rose d’Eric-Emmanuel Schmitt (une œuvre datant de 2009, devenue culte, déclinée en pièce de théâtre et film… et qui m’avait complètement échappée, je dois l’avouer. Je me suis renseignée depuis). C’est dans la salle d’attente de mon médecin que j’ai décidé de le lire, en espérant sans doute ne pas avoir le temps de l’y terminer malgré sa modeste longueur. Vœu pieu. Mais qu’importe puisqu’il m’a offert un doux moment de lecture.

Oscar a 10 ans et il est mourant. Ses parents sont désemparés, son chirurgien honteux, les infirmières désarmées. C'est auprès de sa visiteuse, Mamie Rose, qu'il trouve du réconfort. Elle lui donne les clés pour vivre sereinement ses derniers jours. Un roman délicat dans lequel l'auteur a su parler de la douleur, de la tristesse, de la souffrance avec poésie, philosophie et humanisme. Une belle leçon de vie et de mort.

D’ailleurs, je l’ai offert à mon médecin, ce joli livre, aussitôt entrée dans son cabinet, en  étant certaine qu’elle l’appréciera. Peut-être même qu’elle le donnera à son tour à l’un de ses patients, je sais qu’elle aime leur prêter des romans dont la lecture, dit-elle, peut leur faire du bien. Passeuse de livres, elle l’est elle aussi.

Image : extrait de la couverture Ed.Livre de poche

Tellement belles

Elles sont tellement belles ces phrases que j’aurais pu les écrire dans un carnet, comme je m’y adonnais ado. Pour mieux les déguster, pour m’en imprégner. Des phrases poétiques qui mettent des mots justes sur des sentiments.

Je n’ai plus de carnet à phrases aujourd’hui, mais un téléphone avec lequel j’ai eu envie de les capturer pour vous les partager.

Tous ces passages proviennent du roman de Jon Kalman Stefansson, Ton absence n’est que ténèbres, dont j’ai déjà parlé. Rapidement. Que dire en effet sur un livre aussi puissant ? Rien.

Aussi je vous laisse lire les passages entre les traits jaunes. Je vous les offre à la façon d’un bouquet de fleurs. En nombre impair comme des roses.

Plaisanteries des dieux

« Le destin est vieux comme le monde. Il a bien vu des choses, probablement toutes, ce qui explique sans doute son besoin irrépressible de brouiller les cartes dans l’espoir qu’adviennent des évènements imprévus. Des péripéties dont il s’amuse, et que certains qualifient de plaisanteries des dieux. Brouiller les cartes, brouiller les vies, se distraire en faisant des noeuds, en installant un virage à tel endroit, en cassant un pont à tel autre, en ballotant nos coeurs, en assénant à l’existence des pitchenettes de manière à bouleverser ce qui est immobile et solidement enraciné. »

Une définition ô combien poétique de la vie, surprenante et pourtant si juste, extraite de Ton absence n’est que ténèbres de Jon Kalman Stefansson.

Un merveilleux roman ; à chaque ligne, l’auteur parvient à procurer au lecteur une émotion, une révélation,  l’entraîner dans des sentiments puissants, des tourmentes psychologiques. Je n’en ai pas encore terminé la lecture et j’aurai plaisir à vous en reparler très prochainement.

Les gens sont beaux

Ce matin dans le métro une grande affiche « le livre jeunesse n°1 des ventes » m’a rappelé que je voulais vous parler de Les gens sont beaux, même si vraisemblablement il n’y a plus besoin d’en faire la promo !

Je l’ai acheté il y a quelques jours. J’avais ce projet depuis un moment mais c’était un peu sorti de ma tête. Une visite à ma librairie jeunesse pour des cadeaux à acheter, l’album est entré aussi sec dans mon champ de vision, je n’ai eu qu’à le saisir, c’était un signe !

C’est un post de Virginie Grimaldi sur Insta qui m’a fait connaître cet ouvrage, elle est copine avec Baptiste Beaulieu. Ils se sont connus, je crois, chez Mazarine. C’est d’ailleurs lors d’un Mazarine Book Day  que j’ai eu le privilège de rencontrer Baptiste, médecin écrivain ou écrivain médecin. Certainement ne se pose t’il pas la question…humaniste et sympathique, c’est sûr et certain.
Et cette histoire est à son image. Les gens sont beaux avec leurs corps marqués qui racontent leur histoire. Cet album cartonne en librairie, il n’y a rien d’étonnant, c’est une ode à la tolérance, à l’ouverture d’esprit à mettre entre des tas de mains !

Je sais déjà à quels adorables enfants je vais l’offrir. 

Karitas, L’art de la vie

Je vous ai parlé il y a peu de Karitas, ce roman en deux tomes de Kristin Marja Baldursdottir. Parce que je viens de terminer la lecture du second opus, j’ai envie de vous redire combien j’ai aimé me laisser embarquer dans cette aventure, entre l’Islande, Paris, Rome et New-York. Karitas est une femme libre ô combien, habitée par la nécessité de peindre. Cette impériosité intime la conduit à négliger sa famille, à renoncer au confort matériel, aux conventions, aux convenances. Souvent elle tangue dans ses choix, mais son fil conducteur, l’art, ne la lâche pas.  Une épopée sur plusieurs décennies, merveilleusement contée et un bel hymne à la liberté.

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Extraits 

Lorsqu’il vint nous chercher Silfa et moi, je n’avais pas dormi et étais peu bavarde. J’étais restée debout toute la nuit devant mon chevalet, à écouter la pluie mais avais été incapable de peindre. Un homme était entré dans ma vie, avait soulevé la poussière dans mon esprit, je ne savais plus que faire, étais-je tombée amoureuse, ou bien était-ce le sentiment confus de l’agneau orphelin élevé dans la ferme qui bêle après abri et sécurité ? Je ne pouvais penser à rien d’autre qu’à son regard et à ses mains chaudes lorsqu’il m’avait dit au revoir , cela me procurait une délicieuse satisfaction de me remémorer l’instant encore et encore, et à chaque fois je fabulais avec, nous voyais déambuler ensemble le long de la Seine comme des amoureux, nous asseoir sur un banc dans un jardin et nous embrasser, danser étroitement enlacés dans un restaurant peu éclairé, je venais d’entrer dans un hôtel avec lui lorsque la main du passé agrippa mon épaule et me retourna. – Page 162 éditions Points.

Je tablai sur le fait que sa mauvaise humeur était due à la faim, Bjarghildur n’avait jamais été portée aux grands discours le ventre vide, lui demandai si nous ne devions pas descendre tranquillement la rue d’à côté et nous prendre un déjeuner dans un bon petit restaurant. Elle ne prit pas mal la chose, il fallait par ailleurs tirer Silfa hors de la maison. Celle-ci ne prêta aucune attention à ma soeur et prit un air boudeur. Bjarghildur fit comme si l’enfant ne la concernait pas mais ne dit pas grand-chose en chemin, j’avais l’impression qu’elle était en train d’accumuler des informations dans son jabot comme la perdrix des neiges des graines de bruyère, de concocter une prédication qui serait déclamée à la foule plus tard, elle était silencieuse lorsque nous entrâmes dans la joyeuse salle de restaurant de Pierre. – Page 261 éditions Points.

 

Karitas

Dès le premier moment de libre, je me suis ruée vers ma librairie pour acheter le second tome. Il y avait urgence à découvrir la suite de Karitas de Kristin Marja BALDURSDOTTIR, une fresque sociale, historique et sociale en 2 volumes. Vous l’avez compris, j’ai adoré le premier !

Intitulé « L’esquisse d’un rêve », il nous retrace le parcours de Karitas, une jeune islandaise, qui va réaliser son rêve, celui de devenir artiste peintre. Un parcours semé d’embûches en ce tout début de XXe siècle dans une famille pauvre. Orpheline de père, elle doit comme ses frères et sœurs lutter pour survivre et même gagner assez d’argent pour que chacun dans la fratrie puisse accéder à des études et réaliser ainsi le rêve de leur mère.

Leur mère est une battante. C’est elle qui les entraine, contre vents et marées, à quitter leur village natal, tous ensemble, pour rejoindre une ville où ils peuvent plus facilement trouver un travail. Ils s’échinent en cœur mais chacun accèdera à des études au fil du temps et des opportunités.

Karitas étudiera le dessin à Copenhague, loin de chez elle, mais elle doit lutter pour en faire un métier dans cette société rurale, conformiste et laborieuse.

Un récit humaniste qui nous emporte de ville en ville, de pays en pays, à la rencontre de femmes déterminées, épatantes, d’hommes aussi. Chacun y cherche son chemin avec ses envies, ses convictions, ses renoncements et ses propres ressorts. Des thèmes que j’affectionne.

Merci à mon amie Mapie d’avoir glissé cet ouvrage dans ma Pal cet été.

Couverture de roman

La disparition de Stephanie Mailer

Un trajet en train plus long que prévu, un roman à la lecture terminée et un autre malencontreusement resté dans ma valise coincée sous d’autres dans le rack à bagages. C’est là que ma fille me proposa de me prêter le sien pour accompagner le restant de notre voyage : La disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker.

J’ai froncé le nez. Un bestseller, méfiance !Couverture de roman

De Joël Dicker je ne connaissais que le visage et la voix du fait des nombreuses interviews données, ses déclarations sur sa façon de créer, son goût pour les Läckerlis de Bâle, ces biscuits au miel que m’a fait découvrir un ami suisse,  ainsi que les titres de ses romans. Comment y échapper ? Quand il en sort un, la machine à promo littéraire s’emballe.

Je rechignais mais pas longtemps. Faute de grive, on accepte le merle.

J’ai lu une page ou deux pour voir. Le premier chapitre. Le second. J’étais alpaguée. Un page-turner disent certains avec dédain.

Je remarquais au passage certaines lourdeurs, des répétitions, des passages creux, des dialogues plats, des effets de style grossiers… tout ce qu’on cherche à éviter en tant qu’auteur, tout ce qui est censé faire fuir le lecteur et l’éditeur. Mais il est tellement aisé de déceler chez l’autre ce qui ne va pas…, l’histoire de la poutre et de la paille, vous connaissez.

D’ailleurs je passais facilement outre et poursuivais allègrement ma lecture. Mais qui pouvait donc être le meurtrier ? J’avais hâte de le découvrir.

Et puis, j’ai flanché. Aux 2/3 du pavé, agacée par la foultitude de protagonistes qui débarquaient au fil des pages, aussi caricaturaux les uns que les autres et qui n’apportaient pas grand chose à l’intrigue. Et ces explications aussi sèches que des rapports de police assénées par les personnages eux-mêmes, horripilantes !

J’ai tenu bon malgré tout. Je n’avais pas avalé 600 pages pour ne pas connaître le dénouement !

J’ai terminé ma lecture, avec un plaisir moindre qu’au début mais sans renâclement appuyé non plus, hésitant entre amusement et irritation devant les choix « audacieux » pris par l’auteur pour clore l’histoire de ses nombreux, trop nombreux personnages.

Je sais désormais qui est le meurtrier ! Mais naturellement je ne vous dirai rien.😀

Pourquoi avais-je envie de vous parler de ce roman alors qu’habituellement ce sont mes coups de cœur que je partage, voila la bonne question ! C’est peut être cela la magie Dicker, de savoir divertir sans façon !