Archives de catégorie : Humeur

puzzle

Pièces de vérité

Ma nouvelle Une nuit aussi blanche qu’une feuille a fait couler de l’encre… Des lecteurs m’ont témoigné leur sollicitude et apporté des conseils pour favoriser le sommeil. Merci beaucoup à eux, à vous.

Mais rassurez-vous, je dors plutôt bien. Dois-je rappeler que les histoires que je vous livre sont des fictions ? Certaines, je le signale parfois, sont proches du récit, mais toutes renferment une part d’imaginaire majoritairement prépondérante. Si j’opte souvent pour une narration à la première personne du singulier, c’est pour mieux incarner mon personnage mais c’est bien lui qui s’exprime. Pas moi.

Certains d’entre vous peuvent se souvenir de mon premier roman, Point à la ligne, dans lequel je prêtais des confidences à un couteau, à une quinquagénaire trompée, à une jeune Community manager ainsi qu’à une vieille dame. Aucun lecteur ne s’est essayé à m’imputer des activités tranchantes, bien heureusement, ni à m’imaginer en maison de retraite ou en geek esseulée, mais quelques-uns se sont aventurés à croire mon couple en danger. Evidemment c’était facile. Que dire de mon dernier roman Le voisin du 7e où il est question d’un couple doublement adultère ? Je vous laisse transposer…puzzle

Dans tout récit il y a de la fiction et dans toute fiction de l’autobiographie, il ne peut en être autrement, je crois. J’affirme d’ailleurs que l’un des plaisirs de l’écriture réside dans la faculté à piocher par-ci par-là des pièces de réalité et à les déposer sur la grande toile de la narration.

Au fait, pour bien dormir, j’ai les gélules Garantie nuit complète, celles de la pub à la télé. A moins qu’elles ne soient que le fruit de mon imagination, allez savoir…

Skandar

Frustrantes sagas jeunesse

A Noël 22, j’ai reçu le 1er tome de Skandar, de A.F. Steadman, un roman pour ado – de quelqu’un qui me connait bien !- mais j’ai attendu presque un an pour l’atteindre dans ma Pal et, captivée, j’ai filé jusqu’à ma librairie pour m’offrir le second tome et le lire dans la foulée (in extremis, le dernier exemplaire, celui avec la fiche de lecture collée dessus !). Dès le mois de mai, je devrais pouvoir dévorer le tome 3, mais il me faudra attendre une année supplémentaire pour le tome 4 et une de plus pour le 5. Et pendant tout ce temps, je fais quoi, moi ?, à me demander si Skar va sauver l’île ou non ?

Cela me rappelle bien des sagas jeunesse, Harry Potter, de la célébrissime J.K. Rowling,  dont j’avais englouti les 4 premiers tomes en quelques semaines et dû patienter des années pour parvenir au bout de la série ; Eragon de Christopher Paolini dont la sortie du dernier opus a pris des années-lumière. Par chance, j’ai connu La passe-miroir de Christelle Dabos une fois toute la série publiée. Et ça change tout ! Alors j’en fais le serment – doigts croisés dans le dos – je ne lirai plus que des sagas entièrement publiées, foi de lectrice !

PS : Et mince, en vérifiant l’orthographe du nom de l’auteur, je viens d’apprendre qu’un nouveau Eragon est sorti il y a quelques semaines. Hé les auteurs jeunesse, vous n’avez pas fini de jouer avec mes nerfs !

Les pépites

Chaque journée contient sa pépite, j’en suis convaincue, mais parfois il faut attendre le soir pour tomber dessus, parfois encore il faut se creuser les méninges pour identifier quel est ce moment qui a illuminé, ne serait-ce qu’un instant, sa journée.

Et parfois, la grâce vous tombe dessus dès le matin et de façon criante, et votre journée est ensoleillée pour de bon.

Il y a quelques jours, pour me rendre au boulot, je circulais dans un couloir de la station Nation. Dans l’escalier qui mène à la ligne 6, je remarquai un jeune homme qui s’était arrêté et disait à une femme coiffée d’un étrange chapeau mou : « Vous n’avez plus qu’à grimper ces trois marches et vous y serez. Ca ira ? » La femme lui répondit, sans que je comprenne ses propos, d’une voix de petite fille niaise qui dénotait avec sa large carrure.

J’étais installée dans une voiture de la ligne 6 quand j’entendis cette même voix de gamine. Je quittai des yeux mon bouquin pour apercevoir le chapeau de laine avachi. « Y’a quelqu’un qui descend à Nationale ? Parce que j’ai besoin d’être accompagnée. » Je lui fis signe que non, les autres voyageurs de notre petit groupe la regardèrent sans répondre. J’allais lui suggérer d’interroger l’autre extrémité de la voiture quand une femme élégante lui proposa de s’asseoir à côté d’elle. « Je vais plus loin que vous mais je descendrai pour vous aider. » La chapeautée la remercia vivement de sa gentillesse après lui avoir expliqué qu’elle avait des vertiges et qu’elle risquait, sans aide, de tomber dans les escaliers. « C’est tout à fait normal, madame, lui répondit l’élégante, dans la vie il faut se soutenir ».

Je quittai la rame avant elles, heureuse d’avoir assisté à cette scène. Ma journée commençait bien !

Quelques jours plus tard, je piétinai sur le quai à Nation, en rentrant après le travail, quand j’entendis à nouveau cette voix flûtée si reconnaissable. « C’est gentil, madame. » La femme au chapeau informe était accrochée au bras d’ une jeune fille qui semblait la guider jusqu’à l’escalier.

Je souris et les remerciai toutes les deux en pensée pour cette pépite du soir.

Depuis plus de 1000 jours

Il y a trois ans un cancer du pancréas m’était diagnostiqué. Taux de survie à 5 ans, 11%, ça fiche un coup sur la tête. Pourtant jamais au cours de ces plus de 1000 jours je n’ai cessé de croire en ma bonne étoile.

Aujourd’hui je vais bien. Le petit renflement sous ma clavicule droite, là où a été implantée une chambre d’injection, me rappelle quotidiennement qu’une récidive est encore probable, c’est mon Memori à moi. Je me souviens, mais la vie est la plus forte.

Plus que jamais, je suis reconnaissante envers le corps médical qui m’accompagne, le système de prise en charge français, mes amis et ma famille qui m’entourent. Merci à tous !  Et à mon étoile aussi, merci.

Image par Florian Pircher de Pixabay

Méfiance

Méfiance ? Oui, des mots.

Mais pourquoi donc ?

Les mots blessent, endorment l’esprit, envoûtent, pervertissent, trompent, dénoncent, assassinent, déçoivent, attristent, peuvent nous faire crier de douleur ou d’indignation, être des ennemis, des usurpateurs, des snippers, des félons, des ingrats…

Les mots peuvent aussi être ensorceleurs, cajoleurs, câlins, complices, amis, dépaysants, entrainants, galvanisants, nous donner la pêche, nous faire rire, pleurer de joie, danser, hurler de bonheur, nous divertir, nous apaiser, nous ouvrir des ailleurs, nous sauver.

Les mots sont tout, je vous laisse poursuivre ces listes en commentaire.

Photo prise rue de Belleville à Paris.

 

Gribouillis

Vous gribouillez, vous aussi ? Moi, souvent, surtout en réunion. Autrefois en classe. Une habitude impossible à maîtriser, le stylo appelle ma main, c’est ainsi. D’ailleurs je ne cherche plus à m’en défendre. Voyez un peu mon cahier de notes professionnelles, une page sur deux au moins a son gribouillage !

Mais il parait que ce n’est pas si grave que ça. Ouf ! Le gribouillage aurait même ses vertus. Il doit y avoir des tas de trucs écrits sur le sujet, mais ce vieil article en dit assez pour rassurer : bienfaits du gribouillage.

Il y a peu, mes gribouillages m’ont inspiré des toiles.

Prudence ! Pour épargner mes murs, mieux vaut que j’aie toujours un stock de papier à portée…

 

Les homards du Titanic

Si vous croyez la situation désespérée, pensez aux homards dans l’aquarium du restaurant du Titanic.

Cette citation qui tourne depuis quelques jours sur les réseaux sociaux m’a fait sourire.

Croire dans un meilleur toujours possible. Tout peut arriver, comme la  rencontre enchanteresse entre Marie et Claire dans Merci Gary, mon second roman. Des miracles, il y en a, et s’il est parfois difficile d’y croire, ne jamais être celui qui lâche prise deux secondes avant un prodige, foi de homards !

Image par WikiImages, Pixabay

couloir métro

Labyrinthe

Le métro comme bien des matins. Toujours le même itinéraire. Changement de ligne à Nation. Je descends de la rame, me dirige tout droit vers le couloir de jonction. Mais un cordon rouge, marqué « Passage Interdit » me barre la route. L’automate que je suis dans ces circonstances ne le voit qu’au dernier moment, trop occupé à foncer tête baissée dans la gueule de la foule.

Situation inhabituelle. Moment d’égarement. Mais qu’est-ce qui se passe ? Un instant j’envisage de passer sous le cordon, de forcer le passage. Je me reprends, mais où est donc l’échappatoire ? Je suis un jeune homme au pas assuré qui s’engouffre dans le couloir voisin, en contre sens. En haut de l’escalier, je l’ai perdu de vue. Intersection à choix multiple. Aucun fléchage. Comme dans un labyrinthe, où sortir rapidement est la priorité, j’opte pour la voie qui me semble la plus probable sans prendre le temps de regarder autour de moi. Qu’est-ce qui a poussé la Ratp à fermer ce couloir ? Une voie d’eau ? Un effondrement de la voute ? Hum… j’en doute. L’absence de fléchage de remplacement signifie certainement une fermeture très temporaire.

Toute à mes pensées et à ma course folle, je me suis égarée. Ma ligne n’est indiquée nulle part. J’attends la prochaine intersection pour m’autoriser un tour sur moi-même. Parcours du regard chaque entrée de couloir avec l’intensité d’un scanner.

Mon numéro de ligne, inscrit sur le mur. Soleil sorti des nuages. J’ai retrouvé la piste. Je rebrousse chemin, je suis passée devant le bon accès, un court instant avant, sans le voir. M’y voilà. La question me taraude, pourquoi le passage est-il fermé ? Un malaise ? Un agent Ratp serait présent sur place.

Un décès ? Celui de la SDF qui dort souvent dans ce couloir ? A demi cachée sous un monceau de couvertures répugnantes. Ses pieds nus crasseux dépassant d’un côté, des mèches de cheveux gris collés de l’autre. Et cette puanteur !

Avant même de la voir, je sens littéralement sa présence. Je bloque ma respiration, passe en apnée devant sa couche et ne reprends de l’air qu’après l’avoir largement dépassée. Je croise des visages front plissé, nez pincé. Personne ne peut ignorer cette pestilence. Certains s’en accommodent comme moi, difficilement, détournent leur regard en longeant la malheureuse ou au contraire l’observent. D’autres rebroussent chemin.

Elle est là, couchée, les matins d’hiver, très souvent. Une fois, une seule, je l’ai vue assise au milieu de ses guenilles. Son visage aux traits fins et réguliers était maculé de traces sombres et ses cheveux gris et épais aussi emmêlés qu’une ronce sauvage. Elle semblait hagarde. Ou seulement se réveillait-elle. Elle avait dû être belle. Et certainement le serait-elle encore sans cette odeur et ses oripeaux qui la protègent des prédateurs. Des prédateurs comme des personnes attentionnées.

Où se trouve-t-elle aujourd’hui, dans un autre couloir ou morte dans l’indifférence ?

Les jours passeront sans que je connaisse son sort. Sans que je connaisse la raison de la fermeture temporaire de ce couloir du métro. Des questions sans réponse, il y en a plein le monde. Des hommes et des femmes qui s’effacent, aussi.

Je monte dans la rame de métro pour la seconde partie de mon trajet. Comme bien des matins.

Photo : Wikimedia Commons

Plaisanteries des dieux

« Le destin est vieux comme le monde. Il a bien vu des choses, probablement toutes, ce qui explique sans doute son besoin irrépressible de brouiller les cartes dans l’espoir qu’adviennent des évènements imprévus. Des péripéties dont il s’amuse, et que certains qualifient de plaisanteries des dieux. Brouiller les cartes, brouiller les vies, se distraire en faisant des noeuds, en installant un virage à tel endroit, en cassant un pont à tel autre, en ballotant nos coeurs, en assénant à l’existence des pitchenettes de manière à bouleverser ce qui est immobile et solidement enraciné. »

Une définition ô combien poétique de la vie, surprenante et pourtant si juste, extraite de Ton absence n’est que ténèbres de Jon Kalman Stefansson.

Un merveilleux roman ; à chaque ligne, l’auteur parvient à procurer au lecteur une émotion, une révélation,  l’entraîner dans des sentiments puissants, des tourmentes psychologiques. Je n’en ai pas encore terminé la lecture et j’aurai plaisir à vous en reparler très prochainement.