Certaines images trottent dans la tête. De la rétine, elles s’infiltrent dans notre esprit et y restent le temps qu’elles veulent.
Mon amie Nicole m’avait dit avoir été titillée par la
photo de la porte ouverte que j’ai postée l’année dernière. Cet été elle lui a inspiré un joli texte que je partage avec plaisir, et avec son autorisation.
Territoires
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Dans le parc familier, si souvent arpenté à l’affût des surprises rituelles. Des
arbres émaciés et noircis se couvrant d’une brume verte, s’étoffant de
frondaisons aux multiples nuances, jaunissant, brunissant, s’effeuillant.
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Dans le parc familier, un matin d’hiver, une porte a poussé sur la pelouse
raréfiée. Bien fixée sur son chambranle blanc laqué. Rouge. Ouverte. Délimitant
un en-deçà et un au-delà. Du connu et de l’inconnu.
Dans le froid, le parc désert et silencieux devient menaçant.
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Le lendemain. La porte est fermée. Au delà de la cloison invisible, une autre
porte se dresse. Bleue, ouverte. Plus loin, une autre, mauve, entrebâillée ?
D’autres encore. Et le parc se morcelle en zones interdites et désirables.
La porte oscille sous le vent et s’ouvre sur le parc étranger. Sa végétation encore
en devenir sous les débris de l’année précédente. Aucun mur ne soutient les
nombreuses portes, l’accès est libre partout. Quelques oiseaux cachés dans les
buissons d’épineux pépient, se taisent, reprennent leur chant.
L’air est léger, le chemin du retour vers l’issue habituelle est dégagé.
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Une tache rouge grandit au fur et à mesure de l’avancée. C’est la porte. Fermée.
Enchâssée dans sa structure de verre. Inébranlable.
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(NL – août 2023)
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Notez que j’ai dû ajouter des tirets dans le texte pour respecter les sauts de ligne de l’autrice. Parce que pas de signe pas d’interligne, sacré code !