C’est la rentrée ! On se remet en jambes et en prose avec une petite histoire.
————————————-
Par une belle journée du mois d’août, soleil au zénith, je m’engage sur un chemin de randonnée, clairement balisé, entre forêt et ruisseau. Après quelques centaines de mètres, je croise un garçon, douze ans environ, tenant son vélo à la main. Enfant égaré ?
Tu as un souci ? je lui demande.
Il lève les yeux vers moi et, avec le regard sérieux d’un adulte, lâche d’un trait : Je voulais aller à l’observatoire mais j’ai rencontré une vipère, si je lui avais roulé dessus, elle m’aurait mordu le mollet, forcément. J’ai aperçu un sanglier avec ses petits, s’il m’avait vu il m’aurait chargé, forcément.
Enfant peureux ?
Et sur le chemin il y avait un homard avec une seule pince, poursuit-il.
Enfant conteur ?
Un homard ? je m’étonne.
Peut-être une écrevisse, mais avec une seule grosse pince. Très grosse. Elle pouvait m’attraper.
Forcément, ajoutè-je.
Enfant de la ville ?
Alors tu rebrousses chemin. Et pourquoi ne montes-tu pas sur ton vélo ?
Avec les racines et le sable, c’est trop dur et dangereux, répond-il.
Je vois, bon retour alors !
Enfant prudent.
Je suis allée jusqu’à l’observatoire, quelques centaines de mètres plus loin, cherchant du regard la laie et ses marcassins, la vipère et l’écrevisse unipince. En vain.
De cette rencontre on pourrait écrire une fable.