J’écris toujours par morceaux, quelques lignes ou un chapitre, des plages de rédaction parfois séparés de plusieurs jours ou même semaines. Je relis les dernières pages, corrige, en écris d’autres. Laborieusement. Le plan se disloque sous ma plume, j’invente des péripéties au fur et à mesure, ajoute des personnages. Quand je parviens à la fin, tout est bancal. Je le sens bien et il me faut prendre du recul pour retravailler le texte. J’ai confié mon manuscrit Le voisin à Nicole, ma fidèle première lectrice. Elle n’a pas sa pareille pour repérer les incohérences. Grâce à ses remarques, je retravaille le texte. Voilà où j’en suis actuellement, et c’est douloureux, tellement douloureux. il me faudra certainement encore deux ou trois réécritures pour aboutir à un texte qui tienne un peu la route. Certains auteurs écrivent d’une traite, je les admire. Pour d’autres c’est plus compliqué semble-t-il.
« J’écris d’un jet, et je relis beaucoup. Comme dans le montage d’un film, tu mets toutes les scènes côte à côte et c’est l’« ours » et tu travailles à partir de ce matériel. Au début, c’est illisible, et ça me donne envie de mourir, mais après ça s’articule. Je déplace, j’inverse, cherche où commence la scène, à quel moment le plan s’essouffle… »
Un témoignage de Virginie Despentes (d’après une interview menée par Juliette Einhorn pour le Magazine Littéraire N°551 daté janvier 2015)-