Une grosse couette à laver m’a valu une visite au Lavomatic. Ça faisait plusieurs mois que je n’y avais pas mis les pieds. Et chaque fois, ce lieu m’émeut.
L’odeur de lessive, si présente, peut-être. Plus certainement, c’est le face à face homme-machine, inconstant, symbolique, qui m’interpelle dans cet espace ouvert.
D’un côté, la déshumanisation : des automates, des hublots, des paniers métalliques, du carrelage gris béton, des murs blancs de morgue, des panneaux aux consignes austères.
De l’autre côté, face à la rangée des hublots, parfois un homme, une femme, seul, seule, qui lit. Ou observe le linge tourner, comme on regarde les boules se mélanger dans la sphère du tirage du Loto, l’espoir infime de gagner en moins. Frêle silhouette perdue, comme désemparée, submergée par cette technologie d’inox.
Souvent, au contraire, des hommes et des femmes qui s’affairent, discutent, échanges quelques anecdotes, des bons plans. Des étudiants, des mal logés, des mères de famille, chacun son linge, chacun ses soucis qui, eux, ne se lavent pas. Dans cette atmosphère tropicale qui sent bon le propre, des humains avant tout. Les machines alors s’effacent.