En mémoire, ce magnifique texte de Charles Aznavour extrait de l’album « il nous restera ça » de Grand Corps Malade.
Choquer l’ordre établi pour imposer ses vuesPourfendreChoisir, saisir, comprendreRemettre son travail cent fois sur le métierSalir la toile vierge et pour mieux la souillerFaire hurler, sans pudeur, tous ces espaces nusSurprendreTraverser les brouillards de l’imaginationDéguiser le réel de lambeaux d’abstractionDésenchainer le trait par mille variationTuant les habitudesChanger, créer, détruirePour briser les structures à jamais révoluesPrendre les contrepieds de tout ce qu’on a luS’investir dans son oeuvre à coeur et corps vaincusÉcrire ta peur de sueur, d’angoisseSouffrant d’une étrange langueurQui s’estompe parfois mais qui refait bientôt surfaceUsé de sa morale en jouant sur les moeursEt les idées du tempsImposer sa vision des choses et des gensQuitte à être pourtant mauditAller jusqu’au scandaleCapter de son sujet la moindre variationExplorer sans relâche et la forme et le fondEt puis l’oeuvre achevée, tout remettre en questionDéchiré d’inquiétudeSouffrir, maudireRéduire l’art à sa volonté brûlante d’énergieDonner aux sujets morts comme un semblant de vieEt lâchant ses démons sur la page engourdieÉcrire, ÉcrireÉcrire comme on parle et on crieIl nous restera çaIl nous restera ça