11 h ! Mince, il faut vite que je parte au Salon du livre. Comment ai-je réussi à me mettre en retard en cette matinée sans histoires ? On va invoquer la nouvelle heure qui n’a pas son mot à dire dans l’affaire.
Je m’enfuis le ventre quasi vide. Pourvu qu’il n’y ait pas de « colis suspect » sur les lignes de métro ou l’éditeur m’embrochera avec son Bic cristal. Ouf ! A 11h55, j’arrive un peu en vrac sur le stand mouchoir de poche d’Abordables. Deux auteurs maison y terminent leur séance de dédicace. « C’est calme » me disent-ils.
C’est mon tour. Bruno Ochin, l’éditeur en chef, place ma pancarte et ma pile de bouquins sur la table, je sors mon stylo. Et j’attends. Sur l’immense stand qui me fait face, celui d’une filiale de Gallimard, Hubert Reeves intervient le micro à la main. Ah ouais quand même…
Dans une allée sur la gauche, j’aperçois Yohan (vénérable membre de la famille Galtié) qui vient vers moi, Alexandra, sa copine, à ses côtés. Nous papotons deux minutes et comme il a la gentillesse d’acheter un livre, je lui écris une dédicace. La première ! Merci Yohan, on peut toujours compter sur la famille.
Le temps passe, le stand d’en face s’est vidé après le départ de Reeves. Les allées sont dépeuplées. Mon voisin, du stand Cosmopole, raille : « On est le 15 août ? Je savais pas. »
Une hôtesse du stand France Loisir, un peu plus loin, tout aussi désoeuvrée que nous, me sourit et me fait un signe de la main. Mon sourire en retour l’engage à trottiner jusqu’à moi. « J’adore votre collier ! Vous l’avez acheté où ? On dirait une grappe de raisins ». Je lui donne l’adresse de ma boutique en ligne. A son retour sur le stand, je la vois parler de moi avec sa collègue. Bon ben, j’aurai peut-être vendu un collier… à défaut de livres.
Bénédicte, l’auteure maison qui doit prendre ma relève arrive déjà. Elle aussi a écrit des nouvelles. « Tu te sens de quelle mouvance ? » me demande-t-elle. Plutôt sablonneuse, mais je préfère garder cette réponse pour moi. Magnanime, elle m’achète un livre. Ma deuxième dédicace. Je me motive pour aller chercher la troisième, et continue d’essayer d’harponner le chaland. Sans grand résultat.
Les allées commencent à se regarnir. Une jeune fille se laisse convaincre. Elle sort un billet. « D’habitude les gens paient en carte bleue » lui dit l’éditeur contraint de chercher de la monnaie. « Ce sont mes économie de fin de mois » s’excuse-t-elle. Je soigne doublement la dédicace, j’ai un peu honte.
Il est 14h, Bénédicte prend ma place. J’achète quelques exemplaires de mon propre bouquin pour m’éviter de courir chez l’éditeur le jour où j’en aurai besoin.
Et voilà, c’est terminé pour moi. Il fait un temps magnifique et je rentre en tramway pour bien profiter, à travers les vitres, de ce doux soleil.