Archives mensuelles : mars 2017

17553968_1008709592597155_2708208280740371999_n11 h ! Mince, il faut vite que je parte au Salon du livre. Comment ai-je réussi à me mettre en retard en cette matinée sans histoires  ? On va invoquer la nouvelle heure qui n’a pas son mot à dire dans l’affaire.

Je m’enfuis le ventre quasi vide. Pourvu qu’il n’y ait pas de « colis suspect » sur les lignes de métro  ou l’éditeur m’embrochera avec son Bic cristal. Ouf ! A 11h55, j’arrive un peu en vrac sur le stand mouchoir de poche d’Abordables. Deux auteurs maison y terminent leur séance de dédicace. « C’est calme » me disent-ils.

C’est mon tour. Bruno Ochin, l’éditeur en chef, place ma pancarte et ma pile de bouquins sur la table, je sors mon stylo. Et j’attends. Sur l’immense stand qui me fait face, celui d’une filiale de Gallimard, Hubert Reeves intervient le micro à la main. Ah ouais quand même…

Dans une allée sur la gauche, j’aperçois Yohan (vénérable membre de la famille Galtié) qui vient vers moi, Alexandra, sa copine, à ses côtés. Nous papotons deux minutes et comme il a la gentillesse d’acheter un livre, je lui écris une dédicace. La première ! Merci Yohan, on peut toujours compter sur la famille.

Le temps passe, le stand d’en face s’est vidé après le départ de Reeves. Les allées sont dépeuplées. Mon voisin, du stand Cosmopole, raille : « On est le 15 août ? Je savais pas. »

Une hôtesse du stand France Loisir, un peu plus loin, tout aussi désoeuvrée que nous, me sourit et me fait un signe de la main. Mon sourire en retour l’engage à trottiner jusqu’à moi. « J’adore votre collier ! Vous l’avez acheté où ? On dirait une grappe de raisins ». Je lui donne l’adresse de ma boutique en ligne. A son retour sur le stand, je la vois parler de moi avec sa collègue. Bon ben, j’aurai peut-être vendu un collier… à défaut de livres.

Bénédicte, l’auteure maison qui doit prendre ma relève arrive déjà. Elle aussi a écrit des nouvelles. « Tu te sens de quelle mouvance ? » me demande-t-elle. Plutôt sablonneuse, mais je préfère garder cette réponse pour moi. Magnanime, elle m’achète un livre. Ma deuxième dédicace. Je me motive pour aller chercher la troisième, et continue d’essayer d’harponner le chaland. Sans grand résultat.

Les allées commencent à se regarnir. Une jeune fille se laisse convaincre. Elle sort un billet. « D’habitude les gens paient en carte bleue » lui dit l’éditeur contraint de chercher de la monnaie. « Ce sont mes économie de fin de mois » s’excuse-t-elle. Je soigne doublement la dédicace, j’ai un peu honte.

Il est 14h, Bénédicte prend ma place. J’achète quelques exemplaires de mon propre bouquin pour m’éviter de courir chez l’éditeur le jour où j’en aurai besoin.

Et voilà, c’est terminé pour moi. Il fait un temps magnifique et je rentre en tramway pour bien profiter, à travers les vitres, de ce doux soleil.

 

 

 

 

 

 

Participer au speed-dating des éditions Mazarine ? Pourquoi pas, c’est l’occasion de nouvelles rencontres et de mieux comprendre ce milieu si particulier de l’édition. Evidemment en plein lancement de « Point à la ligne », ce n’est pas vraiment le bon moment. Mais entre (nouveau) boulot, atelier d’écriture et considérations ménagères, ce n’est jamais le bon moment, alors… « Merci Gary », mon premier roman,  est prêt, je vais le proposer.

Ce samedi, je me dis qu’en visant le milieu de l’après-midi ce devrait aller. Je peux lancer une machine, faire la sieste (soirée copine d’école primaire la veille), préparer la liste des courses de la semaine (merci mari chéri de t’y coller) et me voici à l’Alcazar  aux alentours de 15 h (une performance !) en train de faire la queue pour re
cevoir mon ticket (comme c17097179_1267900976599032_8078766972975569241_ohez le boucher).

Mon voisin de file attaque immédiatement. « Alors c’est quoi votre roman ? ». Je bafouille. « Heu, une romance ». Décidément mon pitch n’est pas prêt. Lui me raconte le sien : c’est la fin du monde, ou presque, parce que le réseau électrique mondial a sauté. Une poignée de survivants tente de reconstruire un monde plus simple, plus solidaire…

N°99. C’est le mien ! Oups, et on en est à combien ? Vers les 30… Ah….

Il règne un joyeux foutoir sur ce plateau au centre éclairé par une verrière. Par miracle, une chauffeuse se libère. Je côtoie une jeune fille venue avec sa soeur. Elle commence un roman, elle ne sait pas trop où elle va. Les organisateurs, eux, vont et viennent en sachant où semble-t-il, un petit mot sympa pour l’un, un encouragement pour l’autre. Des auteurs maison donnent des conseils. Le bar est plein à craquer. Des badges sont déposés sur les tables « De la joie d’être bordélique ». Nous y voilà !

Je révise mon pitch. 10 mn, c’est court. Le temps passe, j’observe toute cette animation qui peu à peu se ralentit. De plus en plus de sièges libres. Mon ex-voisine de banquette revient. Elle est satisfaite des encouragements reçus.

Les organisateurs accélèrent la cadence. Nous sommes encore une quinzaine à patienter et il est déjà 17h30. « Un blogueur de dispo, là à droite, un éditeur au fond, là-bas ». C’est mon tour. La blogueuse a les neurones en feu. Je pitche à fond la caisse. J’en oublie la moitié. Il faut maintenant que l’entretien dure 5 mn max, ça change quelque peu la donne. « J’aime bien » se contente-t-elle de dire. Devant l’éditrice même cata. « C’est une histoire qui rend heureux, c’est ça ? » conclut-elle. J’acquiesce. Le feel-good, c’est leur créneau, je ne vais pas la détromper.

Voilà, c’est fait. Alea jacta est. Demain, séance de dédicace sur le salon du livre. Quelle semaine !

 

Ça y est, il est publié ! L’éditeur l’a lancé le 20 mars lors d’une soirée pré-salon du livre. Mes amis était là pour me soutenir… et leur présence m’a aidée, vraiment ! Qu’il est difficile d’accepter de dévoiler ce que l’on garde en soi depuis tant d’année. Quand l’éditeur m’a demandé ce que je ressentais, j’ai dit :  une libération et de l’inquiétude. Et c’est bien cela. Une
17309264_10154417414542544_4252322407467712619_n libération parce qu’enfin les personnages sont sortis de ma tête pour aller vers les lecteurs et parce que je ne serai plus tentée d’apporter de nouvelles corrections à ces textes. Mais une inquiétude tout autant parce qu’il est difficile d’accepter que certains lecteurs soient déçus. Et ça il faudra bien que je m’y fasse.

Lien vers la page des Editions Abordables

« Point à la ligne », mon recueil de nouvelles, est sur la rampe de lancement. Je n’ai pas encore eu l’ouvrage entre les mains, mais c’est déjà parti pour la promo. Il va être présenté au Salon du livre de Paris le week-end prochain et je serai sur le stand des éditions Abordables pour en parler le dimanche de 12 à 14h. Si vous vous rendez au Salon, passez me voir !

Planning 26 mars salon du livre de paris 2017

… la plus élégante que j’aie jamais reçueTampon refusé sur fond blanc 1

Le 8 mars 2017 à 10:10, Aux forges de Vulcain <manuscrits@auxforgesdevulcain.fr> a écrit :

Bonjour Fabienne,
Après examen, je dois décliner votre proposition. Votre texte ne correspond pas au genre de textes que nous désirons publier et défendre. Je vous souhaite courage et succès dans la quête d’un éditeur. Notez, mais vous le savez peut-être déjà, que non seulement les éditeurs se trompent souvent, mais en outre, qu’une décision négative est souvent l’effet de plusieurs choses, dont la qualité du texte n’est que rarement un paramètre (il y a aussi la ligne de l’éditeur, la cohérence du catalogue, l’état d’avancement de son catalogue…).
Je suppose que vous nous avez proposé votre manuscrit car vous connaissez et aimez notre maison. On ne confie pas, après tout, son manuscrit au premier venu: je viens donc de vous inscrire à notre lettre d’information. Vous pourrez bien sûr vous désinscrire dès réception de la première lettre.
Notez que votre roman, s’il ne me correspond pas, est parmi les plus intéressants que j’ai lus ces derniers mois: il vous faut vous acharner pour trouver le bon éditeur qui saura vous accompagner vers le succès.
Cordialement,
David Meulemans
Ps: il n’est guère agréable de voir son manuscrit refusé. C’est une étape fréquente avant de trouver le bon éditeur. Afin d’atténuer ce déplaisir, je vous propose un billet à ce sujet, rédigé par la romancière Jeanne A. Debats, (qui n’est pas publiée par les Forges) – reproduit avec son aimable autorisation:

 

Detal-marche_therrière son étal coloré, la vendeuse enlève une mitaine pour mieux saisir les carottes, les pèse et resserre son écharpe autour de son cou juste après m’avoir tendu le sachet brun bedonnant.

« Il fait pas chaud ce matin, hein ! » commenté-je, glacée moi aussi par le vent froid qui bat le marché en cette matinée dominicale de février. La température clémente de la veille nous a fait croire à l’arrivée du printemps et voilà que l’hiver réagit, trop fier pour se laisser si facilement supplanter par son fougueux cousin. « Je suis gelée » avoue-t-elle.

Son patron s’avance vers elle, un quinqua bien conservé (le régime 5 fruits et légumes par jour fonctionnerait donc vraiment ?), dos droit et torse bombé, col ouvert et mains nues. « Vous n’avez pas froid, vous ? » lui demandé-je tout en triant difficilement du bout de mes doigts gantés les bonnes pièces dans mon porte-monnaie.

– Non, je n’ai pas froid ! me répond-il avec une assurance un peu brutale.

– Il n’a jamais froid, précise la vendeuse en empochant mon argent.

– C’est vrai, je n’ai jamais froid, affirme t-il à son attention plus qu’à la mienne.

– Vous avez un secret ? plaisanté-je.

Je m’attends à une réponse passe-partout qui sonnera la fin de notre échange, mais l’homme se penche vers moi et me dit en baissant la voix : « Viens, je t’explique. » Et il m’entraîne à l’autre bout de l’étal, loin de la vendeuse et des autres chalands.

Pendant que nous parcourons ces quelques mètres, je me demande quel peut bien être le secret de cet homme. Est-il atteint d’une maladie hormonale rare ? Pratique-t-il l’hypnose ? Porte-t-il un Damart 3.0 ? Et quand il s’arrête devant les choux-fleurs, j’ai le cou tendu, le palpitant sur « pause » et l’oreille grande ouverte prête à capturer la réponse.

« Je t’explique : bien sûr que j’ai froid moi aussi, mais je ne l’avoue jamais. » Je le regarde avec des yeux aussi inexpressifs que ceux d’une tortue. « Ben oui, sinon ils auront tous encore plus froid. Tu comprends ? »