Selon « Verbier, Herbier verbal à l’usage des écrivants et des lisants » de Michel Volkovitch, Ed. Maurice Nadeau (Merci, Nicole)
Bonheur – Son moment d’élection : le matin, de bonne heure. Ce h inaudible au milieu, secret, comme un soupir d’aise au fond de soi.
Chocolat – Chaud, collant mais coulant. On ouvre grand la bouche, aah…
Choyer, dorloter – Choyer se déploie largement, le choyé en sort grandi, épanoui – d’abord, on ne peut choyer que du premier choix. Dorloter, au contraire, c’est rapetisser. Une personne qu’on dorlote est petiote, chochotte : on lui dit, Dors, comme à un enfant.
Oui – Mot épanoui. Le plus beau mot à dire quand on jouit.
Paresse – Pareille à la caresse, en plus doux encore.
Visage –Mot-caresse, vibrant doucement, lent à finir (comme les vagues sur le rivage), contemplatif, le regard s’y promène, visage-paysage…
Et maintenant, à moi d’écrire des portraits !
Théâtre – 3 syllabes comme autant de coups de ce fameux brigadier. Té ! A ! Tre ! le bâton frappe et les rideaux s’ouvrent. Et puis le â se prononce la bouche ouverte comme quand on déclame.
Nonchalance – Un mot tout en longueur, qu’on ne peut dérouler sur la langue qu’avec une lenteur étudiée. Non-le-chat-n’est-pas-lent, il est racé. Quand il s’étire, c’est avec élégance. Quand il se meut, c’est avec grâce. La nonchalance n’est pas une vitesse, c’est un mouvement.
Acariâtre – ça accroche et ça rappe. Prononcer cet adjectif est presque douloureux.
Saccadé – Trois syllabes rythmées. Impossible de les lier, il faut les détacher, chacune a son rôle.
Buisson – Le « ui » et le « on » s’emmêlent, ça grouille là-dedans. C’est ramassé et brouillon, ça enveloppe. On peut s’y cacher mais pas s’y perdre.
Qui prend ma suite ?